vendredi 15 juillet 2011

Et maintenant, c'est pér-où qu'on rentre chez nous ?!

Adiou les petits déj' d'Emilio et le pain de l'arnaque

Adiou les couchés de soleil de reve

Adiou tendre Cusquena

Adiou la pousque de Huaraz

Adiou la main d'oeuvre pas chère

Adiou les expés de 100 porteurs, 40 mules et 2 alpinistes

Adiou les collectivos bondés

Adiou les beaux chapeaux colorés

Adiou Esfinge

Adiou les réveils plus que matinaux, le froid et l'altitude

Adiou la préparation des sacs

Merci à toutes et à tous pour vos mots de soutiens nombreux, touchants et généreux !

Bienvenue au quotidien,
Déja nostalgiques et pourtant contents
Adiou Pérou,
On rentre chez nous !

jeudi 14 juillet 2011

Une dernière journée à Hatun Macchay



Apres avoir soutenu nos amis péruviens dans leur lamentable defaite contre le Chili (0-1 à la 92ème minute ...), nous rentrons d'une superbe journée de grimpe a Hatun Macchay.

Hatun Macchay, c'est LE site de grimpe de la région, voire du Pérou puisque c'est dans celle-ci que se concentre la majorité des pratiquants du pays (région de Huaraz = "Ancach"). Mais c'est surtout LE site du coin parce que c'est, tout simplement, un superbe et grandiose cadre et le rocher, plus qu'original, est vraiment agréable à grimper. Alors autant dire qu'on a passé une superbe journée mi-grimpe mi-farniente comme ca faisait longtemps que ce n'etait pas arrivé ! Les voies ne dépassent presque jamais les 25 mètres de haut mais c'est une escalade assez raide et parfois suprenante qui y est proposée ... alors 25 mètres, ca suffit bien souvent !



On ne va pas détailler les "croix" que chacun de nous a pu faire sur la centaine de voie équipée sur le site (ouh la la qu'elle ruse pour ne pas avouer qu'on n'a fait que du 4sup :). On préferera parler des rencontres sympas qu'on y a faite, notamment avec un guide italien installé au Mexique depuis 8 ans et qui nous a réussi à titiller notre envie de grandes parois en nous parlant de plusieurs montagnes mexicaines "incréibles" ... A croire que les voyages donnent des envies de voyages !


Avant de laisser aux photos le soin de suggérer l'ambiance des lieux mieux que nos mots ne le feraient, il nous faut aussi parler de la "gestion" plus que surprenante du site ... Hatun Macchay est, à la base, un site archéologique connu. Les grimpeurs se sont progressivement appropriés ces antennes de caillou déchiré très isolées au milieu de patures d'altitude (ah oui on n'a pas précisé que ici on grimpe a 4250 m d'altitude, ce qui en fait un bon plan pour s'acclimater ... nous on n'a rien compris puisqu'on y est allé le dernier jour !). On disait donc que les grimpeurs ont peu a peu équipé des voies et que les agences (+ de 200 sur Huaraz aujourd'hui !) ont de plus en plus inclues dans leurs prestations touristiques une ou plusieurs journées d'escalade à Hatun Macchay. Mais ...


Mais la consécration de Hatun Macchay comme haut-lieu d'escalade du Pérou semble s'etre accélérée il y a une dizaine d'années (si on a bien compris, la date est à vérifier) lorsqu'un argentin tenant une agence de trek à Huaraz a acheté des terres sur le site lui-meme. Il y a construit un refuge qui est aujourd'hui bondé en plein saison, comme nous avons pu le constater. L'ambiance y est plutot sympathique en soit ("ouais on est des grimpeurs, on est tous copains" "Oh toi aussi t'as la barbe et les cheveux longs ? Cooool !" "Et puis on vient tous de pays differents, du monde entier, c'est beau ... tu veux que je t'assures ?"). Bref ! Rien de bien méchant a priori ...


Rien de méchant a priori, si ce n'est que ce fameux argentin a décrété que l'accès au site serait dorénavant payant. 5 Soles (monnaie péruvienne) pour la journée, ce n'es tpas cher en soit. Mais le principe pose question ! En arrivant hier matin, nous sommes donc descendus du bus devant le refuge, sommes rentrés, avons payés nos 2x5 soles avant de pouvoir descendre au pied des falaises et chausser nos chaussons. Des sites d'escalade payant ... ca pourrait donner des idées à de nombreux propriaitaires en France ! On croit d'ailleurs se souvenir que des tentatives ont eu lieu par le passé. Cela nous fait aussi penser au problème soulevé par la mise en place de "forfait raquettes a neige" dans les abords des stations de ski francaises ... doit-on faire payer l'acces aux sites de pratiques des "sports de nature" ? Vaste débat, peut -etre, mais un débat auquel on n'a aucune envie de participer parce qu'on est archi contre, par principe ! (ca nous fait penser a certaines discussions qui ont eut lieu durant les Assises de l'alpinisme cette année et qui a donné lieu à un manifeste, dont Mountain Wilderness est signataire, et qui aborde notamment ces principes là : http://www.assisesdelalpinisme2011.fr/ ).

A travers ces quelques lignes, on ne voudrait quand meme pas donner l'impression que Hatun Macchay soit uniquemenet synonyme de "SITE PAYANT". Parce que c'est d'abord tres beau et tres chouette d'y grimper et d'y passer du temps. Le reste, ca fait partie des choses qu'il faut avoir en tete, sur lesquelles il nous faut etre vigilant, disons ... autant qu'on le peut ! Tout cela est aussi l'occasion de vous dire que, conformément à notre projet initial et à notre partenariat avec Mountain Wilderness (cf. pages infra blog), nous avons fait un bon paquet de relevés et de photos concernant "l'empreinte touristique" des lieux que nous avons traversés et dans lesquels nous avons séjournés. On se donne quelques jours pour atterir et reprendre nos petits rythmes quotidiens au pays avant de vous en dire davantage sur la forme que nous allons donner à cet ensemble d'observations. Parce que ca risque de nous prendre du temps, sans doute, d' "atterir" ...

mardi 12 juillet 2011

Alors que faire ??!!


Deux jours ... plus que deux jours et nous rentrons en France ! Alors que faire ??!! Curieusement, ces deux mots ("que faire ?") font partie du top 5 des expressions les plus utilisées de notre séjour dans les Andes ! Les aléas climatiques sont responsables de 95% de ces énonciations. Mais aujourd'hui, c'est un nouveau genre de "que faire" que l'on se pose : la contrainte ne vient plus du ciel (on dirait un cours d'athéisme á la Onfray !) mais du calendrier qui devient de plus en plus serré ... Nous avons un billet de bus pour rentrer sur Lima jeudi soir (voyage de nuit) et notre avions décolle pour Madrid vendredi matin a 11h. Il ne nous reste donc pas beaucoup de temps pour continuer de profiter de notre séjour.

On aurait aimé monter une derniere fois en altitude pour tenter de ramener un echantillon de neige andine. Car apres le granit de La Esfinge, on a envie de sortir les piolets et de brocher dans de la glace raide, un luxe pour des pyrénéens en plein mois de juillet ! Mais nous n'avons pas suffisamment de temps pour repartir un dernier coup (tenter un 6000 par exemple ... et oui !). Et puis de toute facon, Flo a été malade durant la nuit et l'est encore aujourd'hui. Faut dire qu'on a beau etre plein d'idées et de motivation, aujourd'hui, on sent bien aussi que nos corps sont un peu fatigués ! Alors il a fallu se rendre a l'évidence et accepter que nos piolets, nos crampons et nos supers chaussures d'altitude allaient devoir sagemment rentrer en France sans gambader á nouveau dans ses montagnes de lamas.

Reste donc une question originale ... que faire ?! Si l'alpinisme est désormais évacué par manque de temps, demeure l'embarras du choix ! Apres une grande réflexion, nous avons finalement opté pour occuper ces deux dernieres journées par une coordination précise et adéquate de quatre éléments tout á fait honorables :
- Biere en terrasse
- Copa America de Football avec notamment un PEROU - CHILI cet apres-midi
- Profiter du fait d'etre en vacances parce que lundi, eh eh, faut retourner au boulot
- Et pour la bonne conscience, découverte du fameux site de grimpe de HATUN MACCHAY qui est a 2 heures de Huaraz.

Entre temps, on essaiera aussi de faire nos bagages. Ah la la, ca sent la fin tout ca ...

lundi 11 juillet 2011

La Esfinge 1 - Nous 1 !!!!!!



Yeeeeeeaaaaaahhhhhhh ! On a parcouru la face Est de La Esfinge !
Il est de ces belles plantes qui demandent davantage d'attention que la moyenne. La Esfinge est de celles-ci, sans aucun doute. On aurait du s'en douter : toutes les cimes andines sont masculines (LE Pisco, LE Chopicalqui, etc.), sauf LA Esfinge qui est féminine. Un peu comme une capricieuse qui vous rappelle à l'ordre dès qu'elle se sent méprisée. C'est ce qu'elle a voulu nous faire réaliser il y 10 jours, lorsque nous nous sommes rendu à ses pieds une première fois. C'était entre 2 sommets, a la va-vite, plein d'impatience et sans attention pour ses couleurs, ses formes et ses humeurs. En nous envoyant la neige toute la nuit, elle avait alors trouvé le moyen de nous rappeler que grimper sur ses hanches de granit était une chance, presque un honneur, et que cela demandait de la patience et de la témerité. Bref, on avait peut etre pas compris le message mais le fait est qu'on est allé voir ailleurs quelques jours (cf. Chopicalqui) avant de revenir, une seconde fois, tout à fait conscients que c'est elle qui déciderait si on allait pouvoir la découvrir dans son intimité ! Et à notre grand bonheur, elle a été plutot séduite puisqu'elle nous avons offert des conditions idéales pour parcourir la voie de 1985 en une seule journée !

Durant l'approche face au Huandoy.

Cette voie a été la première ouverte (en 1985) à La Esfinge qui en compte désormais une douzaine. Il s'agit de l'itinéraire le plus régulièrement gravi aujourd'hui sur cette face qui est considérée comme "le" bigwall des Andes. La plupart des autres voies n'ont jamais été répétées. La voie de 1985, c'est en fait l'itinéraire le plus "facile". Pourtant, depuis que l'on se prépare pour la parcourir, ses cotations nous ont toujours un peu impressionné : elle est cotée ED - 6A/A1 oblig. et fait 750 mètres (entre 20 et 22 longueurs) entre 4700 m et 5350 mètres d'altitude ! Cette voie est rapidement devenue le fil conducteur de notre projet andin, tout en sachant qu'on n'y arriverait peut-etre pas. Mais on savait qu'on pouvait essayer de la parcourir, notamment grace au materiel spécialement offert par PYRENEX, lequel permettait d'envisager un bivouac dans la paroi, au milieu de la voie. En deux jours, l'ascension devenait possible pour nous. Mais c'est finalement en une longue journée de 14 heures d'escalade qu'on l'a parcourue, d'une traite ! On espère que la généreuse capricieuse n'en sera pas vexée :)
Flo et le mal des montagnes, une longue histoire !

Cela faisait plusieurs jours, depuis notre première aller-retour à ses pieds, que l'idée de tenter cette voie à la journée nous trottait dans la tete. On n'était pas certain de pouvoir la boucler sans avoir à sortir la frontale mais notre bonne forme physique nous encourageait à essayer. Parcourir cette face à la journée avait l'avantage de simplifier la logistique (éviter le hisssage des sacs comprenant vetements chauds, eau et nourriture pour 2 jours) mais impliquait de limiter le poids, donc de sortir à tout prix le jour meme car le materiel emporté (2 petites doudounes, 3 litres d'eau, 4 barres chocolatées et quelques cacahuètes) auraient été limites pour passer la nuit à cette altitude. Mais on avait rencontré une cordée ayant fait la voie dans la journée et à notre tour, on était surmotivés !


Rémi dans la première longueur.

On ne peut pourtant pas dire que cette deuxième tentative avait commencer au mieux. Cette fois-ci, nous avions décidé de me pas s'arreter au camp de base et avions prévu de dormir sous un immense bloc de granit oú un "bivouac" confortable a été sobrement aménagé à 4700 m d'altitude, soit à 300 mètres de la paroi et du départ de la voie. Cela devait nous permettre de fixer les 2 premieres longueurs la veille et de gagner presque une heure au petit matin, donc une heure de soleil et de lumière de plus. Mais Flo a été gaté. Dès notre arrivée au bivouac, Flo a été pris d'un gros mal de casque qui l'a sonné plusieurs heures. Puis en pleine nuit, il a été obligé de se lever, le bide chahutant. Le mal au ventre persisitera au levé et jusqu'au pied de la voie puisque, quand meme décidés à se lancer dans la voie, nous attaquons l'escalade de la paroi a 7h00. Soit une 1h30 de retard sur notre programme ! D'habitude, on se fout pas mal de la montre. Mais là, on savait qu'on pourrait regretter ce retard ... la nuit, dans les Andes, est noire de chez noire dès 18h. Alors disons qu'on avait prévu, dans notre petit sac à dos, des piles de rechange pour la frontale ! Et on a bien fait ...

Flo redescend de la deuxieme longueur le premier jour.

La voie est divisée en 2 parties bien distinctes que nous avons décidés de nous partager pour exploiter au mieux nos complémentarités : Flo a donc grimpé les 350 premiers mètres oú dominent des fissures raides et physiques (soutenu dans le 6B), puis Rémi a terminé les 400 mètres restants à l'itinéraire hasardeux et pas toujours faciles à protéger. Tout s'est vraiment bien passé et on s'est régalé. C'est une voie magnifique et variée, sur un granite d'excellente qualité. Quelle chance de savourer une voie qui nous a tant fait rever depuis Toulouse. On aurait pu etre décu. Mais LA Esfinge sait avoir la classe ...

Au bivouac.

Concernant l'horaire, il nous restait encore 3-4 longueurs lorsque nous avons sortis les frontales. On s'est alors un peu perdu dans cette immense face mais bon, c'était pas non plus compliqué : on savait que la sortie était en haut ! On a sans doute emprunté quelques variantes de la voie originelle sur la fin. Il a fallu nettoyer quelques fissures pour pouvoir poser des protections, car certains passages n'etaient sans doute pas les bons. Mais il nous fallait avancer, un point c'est tout. Parce qu'il faisait de plus en plus froid ! On a bien compris que grimper de nuit à plus de 5000 mètres, mains nues et en petits chaussons, implique de prendre en compte d'autres paramètres que le seul niveau "technique" d'escalade ! "Eh Flo, t'as vu ?! On a les habits qui sont tous congelés ! Ca caille macarel !" Et pourtant, personne ne nous a obligé à etre ici. On l'a choisi ! Ca fait partie du truc, disons. Parce que le truc en question, c'est à dire ce type d'ascension, est quelque chose de génialissime. Un vaste et long moment hors du temps et pourtant bien réél. A peine le temps de penser à ca que nous voilá au sommet ! On est au sommet de La Esfinge ! Punaise que c'est bon ces moments là. Il est un peu moins de 21h.
Depart de la troisième longueur.

Dans la nuit noire et le froid, les rappels de descente, les éboulis et la recherche de ce fameux "gros bloc" qui fait office de bivouac (et abrite tout notre matériel depuis hier soir) nous prend un peu de temps. Mais on s'en fiche, on rentre de La Esfinge, heureux. On rentre de La Esfinge, heureux. On rentre de La Esfinge, heureuuuuuuuuxxxxxx !!!!

La suite en images :





Remi au depart du diedre au dessus de la vire.



  
Le soleil nous quitte en beaute.
Au sommet!!!!!!

Adiou Esfinge...

jeudi 7 juillet 2011

Vent et neige au Chopicalqui


Le Chopicalqui (6353m).
Et de deux ! Non non, il n'y a aucune erreur, puisqu'on ne parle pas de sommet gravis (le "troisieme" sinon) mais bel et bien de "but", comme on dit, c'est à dire que nous n'avons pas réussi à fouler le sommet convoité pour la deuxième fois d'affilée. On est donc de retour sur Huaraz, avec un peu moins de sourire que d'autres fois. C'est un peu idiot, sans doute. On se dit forcément que ce voyage dans les Andes ne peut se résumer au nombre de sommets gravis ; on se rappelle aussi que l'on a toujours privilégié le temps passé en montagne, l'expérience générale, à la "réussite" de "l'objectif" lui-meme, pour utiliser des mots que l'on aime pas trop. Ok. Mais quand meme ... au delà des belles idées, il y a qu'on est bien dégoutés de ne pas avoir osé aller jusqu'au bout ! Tout cela laisse un peu songeur ... contrairement à notre manière d'emvisager les sorties en montagne, pourquoi attacher de l'importance, aujourd'hui, au fait de ne pas etre arrivés jusqu'au sommet ? Parce que l'on sait qu'on ne vient pas tous les jours dans les Andes ? Parce que ce sommet aurait été notre premier "6000 m" et que c'est inconsciemment un cap symbolique important ? Parce que c'est le second retour sur Huaraz "bredouille" après la Esfinge ? Ou encore, parce que dans le cadre de cette expé, via ce blog, on partage nos "succès" plus facilement que nos demi-tours sous le sommet ...
 
Car l'histoire du CHOPICALQUI est effectivement une histoire de demi-tour sous le sommet ! On était pas loin, bon sang. Mais le mauvais temps, encore lui, nous a gentiment mais "insistamment" (sic) inciter à retourner sous la tente se réchauffer dans les duvets plus rapidement que prévu !

Pendant la montee au camp morraine.
Nous étions arrivés lundi dans la Quebrada Llanganuco (la meme que pour le Nevado PISCO). Meme si c'est long, lent, parfois usant et toujours couteux, on commence maintenant a prendre le rythme de ces allers-retours entre Huaraz et les différentes vallées de la Cordillère Blanche. Plus on s'approche de la Cordillère et plus on a confirmation de la noirceur du ciel. Un taxi-piste (comme un taxi-brousse mais en plus rocailleux !) nous dépose à un virage avec nos gros sacs : ici commence le sentier en direction du CHOPICALQUI ... sous la pluie ! On dépasse rapidement le camp de base qui n'est qu'à 30 mn pour monter sur l'une des plus belles moraines qu'il nous ait été donnée de voir. Malgré les embruns, les rafales de vent et la capuche (bien étanche!) de nos vestes imperméables, on distingue pile en face de nous mais assez loin, l'emplacement du Camp 1 ("camp morraine"). Situé à 5000 m d'altitude, il nous faudra 2h30 de marche au visage fouetté par des rafales d'humidité devenant progressivement piquantes de grésil pour l'atteindre. Difficile d'en profiter dans ces conditions, mais le site est superbe : coincé entre les glaciers du Chopi et du Husacaran, la plus haute montagne des Andes (6768 m), ce camp 1 est abrité des chutes de séracs, de pierres et de tout autre objet avalancheux par une grand barre rocheuse depuis laquelle coule un intime filin d'eau. Sous l'effet du vent, le grésil hésite entre neige et pluie ... le montage du camp, notamment de la tente, est des plus aventureux ! Une petite accalmie en fin de journée permet de prendre quelques photos et de constater que beaucoup de neige est tombée au dessus de nous, sur le Chopicalqui. On se couche tot, bercés par les rires aussi curieux que communicatifs d'une cordée de guides péruviens et équatoriens qui ont leur tente a 10 mètres de nous. Ils sont eux aussi là pour tenter le sommet avec 2 clients des USA. Il y a également une expé commerciale de 3 tentes, 4 porteurs-cuisiniers et 1 guide pour 2 clientes espagnoles !


Le camp morraine 5000m.

La nuit est, comment dire ? ... humide. Donc neigeuse en altitude. Mais le soleil se lève finalement dès le petit matin et on dejeunera meme au soleil ! Parfait pour faire sécher les affaires ... avant de refaire les sac et de repartir en direction du camp 2 ("camp Hielo"). Les deux autres groupes, bien plus "professionnels" que nous, sont prets rapidement. Tant mieux, qu'ils partent devant : on profitera ainsi d'une belle trace dans la neige fraiche tombée sur le glacier. On les rattrape finalement assez vite et, ne pouvant refuser de passer devant sous prétexte qu l'on profite de leur trace, on se retrouve devant. L'ambiance est plutot sympathique et bonne enfant.


Direction le camp hielo avec le Chopi en toile de fond.

On arrive assez vite au camp 2 qui n'est en fait qu'une zone, plutot plane et de la taille d'un terrain de tennis, située en plein milieu du glacier à 5550 m. Il est à peine midi, ce qui veut dire qu'il va falloir poiroter tout le reste de la journée devant la tente, les fesses dans la neige et sous le soleil écrasant ! Mais on est content qu'il soit là celui-là, parce qu' a cette altitude, le moindre nuage nous oblige à mettre la doudoune. Le temps passe finalement assez vite entre le terrassement pour la tente, la fonte de neige pour voir de l'eau et les discussions avec les 2 expés qui nous entourent. Ils se mettent à nous appeler "Los jovenes" alors qu'aucun d'eux n'a de barbe :) On crame ainsi toute la journée sous un soleil très fort jusqu'à ce que celui-ci nous offre un spectacle ahurrissant au moment de se coucher. La grosse expé commerciale installée au dessus de nous a trop cuisiné et nous offre les restes : ce soir, c'est soupe au fromage et spaghettis bolognaises à 5550 m ! Après ca, plus grand chose à faire dans ce quartier. Couché a 18h23 !

Entre le camp morraine et le camp hielo.
Tout a gelé pendant la nuit à l'intérieur de la tente. Meme les duvets sont craquelés par le givre ! On se lève plein d'enthousiasme parce qu'aujourd'hui, eh eh, veinards que nous sommes, on monte au Chopicalqui et ses 6353 m ! En dormant a 5550 m, il ne reste pas grand chose et puisqu'on se sent en grande forme, ca ne devrait aller assez vite. D'autant plus que futés que nous sommes, nous avons gentiment laisser partir les deux autres groupes devant pour qu'il fasse la trace, au moins la première moitié ! Ben quoi, c'est ca etre "professionnel de la montagne", non ?!
 
On part a 3h15 de nos tentes, soit 1h45 après eux. Tout se passe bien. La nuit est noire mais les frontales permettent de percevoir le relief du glacier sur lequel on évolue. Dans un premier temps, de nombreux passages raides mais courts en neige dure rendent l'ascension plus technique. Et puis arrive une traversée assez longue et couchée dans laquelle on perd la trace de nos amis. Ca avait bien fonctionné jusque là ! On retrouve leurs pas de temps a autre, mais le vent devient de plus en plus puissant et fait tourner la neige en tourbillon. On met la cagoule en version intégrale mais la ñoustache et les sourcils gèlent quand meme ! Curieusement, c'est dans ces moments là qu'on remercie plus que jamais les "partenaires" de nous avoir donné du bon matériel permettant de ne pas souffrir du froid, pourtant très intense à ce moment là. Les rafales sont bien puissantes et arrivent meme ponctuellement à faire trébucher nos 65 et 75 kg ! Les frontales de nos prédécesseurs  apparaissent a quelques centaines de metres et nous aident à trouver le bon cheminement. On parvient rapidement jusqu'à eux, au milieu d'une pente raide surchargée de neige poudreuse. Avec ce vent de fou, il faut crier pour se parler ! "Hola ! Qué tal ? Qué viento de puta madre, no ?" "Si ! Vamos a bajar ! Demasiado nieve et demasiado viento !" Quoi ? Vous descendez ? Mince alors.

Traversee du glacier.
 Que faire ? Continuer seuls ou faire comme eux et rescendre ? Nous sommes aux alentours de 6000 m et on doit etre a une petite heure, à peine, du sommet. Mais les conditions sont vraiment difficiles, le vent violent et glacial, et il est clair que nous avons bien profité de la trace faite dans plus de 80 cm de neige poudreuse. On l'a d'ailleurs réalisé à chaque fois que le vent effacait les traces ! Il fait toujours nuit noire puisqu'il est 5h15. Attendre que le jour se lève nous passe par la tete mais trop de vent pour hésiter. Et puis continuer comme si de rien n'était, en les regardant battre en retraite dans ce contexte météo difficile de haute altitude ... pas si facile ... d'autant que les quntités de neige tombées les nuits précédentes sont impressionantes et que dans les passages raides, nos lames de piolets n'accrochent pas grand chose. Bref, on redescent rapidement. En une heure, nous sommes au camp. Le jour se leve et il y a moins de vent ici. Mais on voit tres bien, au dessus de nous, les gerbes de neige s'emvoler sur la crete, là oú nous avons renoncé à continuer. On fait chauffer un thé, sans trop parler. A-t'on bien fait de faire demi-tour ? Les regrets arrivent. Et si on y repartait maintenant ? Ou alors dans quelques heures, quand on verra que le vent s'est calmé ? On a effectivement pu constater notre bonne forme physique et le sommet nous semble vraiment tout proche. On est pret a faire l'aller-retour en courant dès que possible. Donc on attend, ici, au camp 2.



Le camp hielo.
La matinée est longue. Le vent ne faiblit là-haut. Toutes les possibilités passent par nos tetes. Les remords aussi, parfois. Les 2 autres expés plient leurs campements et redescendent. Elle nous laisse du gaz de rab, parcequ'on est d'abord décidé a passer une nuit supplémentaire en altitude pour tenter le sommet une nouvelle fois demain. Et puis on se ravise, les plans évoluent. Désormais seuls au camp 2, le programme de notre voyage se calcule. Le vent, lui, souffle toujours tres fort. Il atteint désormais le camp 2. On plie bagage et on rentre a Huaraz. Le retour sera long et de plus en plus venteux, jusque dans la vallée.


Apres l installation du camp, flo tente de recupere du mal des momtagnes.

Sur le chemin de descente, nous croisons 4 groupes de mexicains, d'espagnols, de slovènes et d'americains qui montent au camp morraine pour tenter le sommet les jours suivants. L'impression que la montagne fonctionne par wagon. Le camp laissé vide sera archi plein demain. Nous avons parti d'un wagon, un de ceux qui n'est pas allé au sommet. Peut-etre que le wagon que nous croisons en descendant sera un bon wagon ? Avant qu'un autre ne fasse demi-tour, à son tour. C'est curieux tout ca, hein ?



Humm, les bonnes pates preparees par nos voisins.

Heureux d'etre revenus à Huaraz, de manger comme des ogres et de dormir plus de 11h. Il fait un grand soleil et on est en pleine forme. Il ne nous reste plus que 8 jours que l'on compte bien vivre a fond ! Demain, nous repartons dans la Quebrada Paron pour tenter une derniere fois de parcourir la face Est de La Esfinge. Il nous faudra davantage de chance concernant la météo. Pour le reste (forme, motiv, etc.) on s'en occupe ! On en a meme à revendre ! A dans 5 jours !
 
 
CHOPICALQUI. Ah la la, ce CHOPICALQUI ... quelle histoire ...




Magnifique couche de soleil.

On profite de ce spectacle.


Desescalade des pentes du glacier entre les deux camps.


Le chemin taille sur le fil de la morraine




 

Adios Chopi.